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s’accomplit. La légion des lumières chasse la horde des flammes.

Départ des maîtres, les libérateurs arrivent.

Les traqueurs de peuples, les traîneurs d’armées, Nemrod, Sennachérib, Cyrus, Rhamsès, Xerxès, Cambyse, Attila, Gengiskhan, Tamerlan, Alexandre, César, Bonaparte, tous ces immenses hommes farouches s’effacent.

Ils s’éteignent lentement, les voilà qui touchent l’horizon, ils sont mystérieusement attirés par l’obscurité ; ils ont des similitudes avec les ténèbres ; de là leur descente fatale ; leur ressemblance avec les autres phénomènes de la nuit les ramène à cette unité terrible de l’immensité aveugle, submersion de toute lumière. L’oubli, ombre de l’ombre, les attend.

Ils sont précipités, mais ils restent formidables. N’insultons pas ce qui a été grand. Les huées seraient malséantes devant l’ensevelissement des héros. Le penseur doit rester grave en présence de cette prise de suaires. La vieille gloire abdique ; les forts se couchent ; clémence à ces victorieux vaincus ! paix à ces belliqueux éteints ! l’évanouissement sépulcral s’interpose entre ces lueurs et nous. Ce n’est pas sans une sorte de terreur religieuse qu’on voit des astres devenir spectres.

Pendant que, du côté de l’engloutissement, de