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des peuples par fait de naissance, la longue suite d’aïeux donnant droit sur les vivants, ces choses-là luttent encore sur quelques points, à Naples, en Prusse, etc., mais elles se débattent plutôt qu’elles ne luttent ; c’est de la mort qui s’efforce de vivre. Un bégayement qui demain sera la parole, et après-demain sera le verbe, sort des lèvres meurtries du serf, du corvéable, du prolétaire, du paria. Le bâillon casse entre les dents du genre humain. Le genre humain en a assez de la voie douloureuse, et ce patient refuse d’aller plus loin.

Dès à présent de certaines formes de despotes ne sont plus possibles. Le pharaon est une momie, le sultan est un fantôme, le césar est une contrefaçon. Ce stylite des colonnes trajanes est ankylosé sur son piédestal ; il a sur sa tête la fiente des aigles libres ; il est néant plus que gloire ; des bandelettes du sépulcre attachent cette couronne de lauriers.

La période des hommes de force est terminée. Ils ont été glorieux, certes, mais d’une gloire fondante. Ce genre de grands hommes est soluble au progrès. La civilisation oxyde rapidement ces bronzes. Au point de maturité où la Révolution française a déjà amené la conscience universelle, le héros n’est plus héros sans dire pourquoi, le capitaine est discuté,