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et lui seul. Il est de sa nature révolutionnaire de se passer d’ancêtres.

Étant génie, il fraternise avec les génies. Quant à sa source, elle est où est la leur ; hors de l’homme. Les mystérieuses gestations du progrès se succèdent selon une loi providentielle. Le dix-neuvième siècle est un enfantement de civilisation. Il a un continent à mettre au monde. La France a porté ce siècle, et ce siècle porte l’Europe.

Le groupe grec a été la civilisation, étroite et circonscrite d’abord à la feuille de mûrier, à la Morée ; puis la civilisation, gagnant de proche en proche, s’est élargie, et a été le groupe romain ; elle est aujourd’hui le groupe français, c’est-à-dire toute l’Europe ; avec des commencements en Amérique, en Afrique et en Asie.

Le plus grand de ces commencements est une démocratie, les États-Unis, éclosion aidée par la France dès le siècle dernier. La France, sublime essayeuse du progrès, a fondé une république en Amérique avant d’en faire une en Europe. Et vidit quod esset bonum. Après avoir prêté à Washington cet auxiliaire, Lafayette, la France, rentrant chez elle, a donné à Voltaire éperdu dans son tombeau ce continuateur redoutable, Danton. En présence du passé monstrueux, lançant toutes les foudres, exhalant