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passée à une représentation du Marchand de Venise. Ce fut là tout ce qu’il connut de la gloire. Shakespeare mort entra dans l’obscurité.

De 1640 à 1660, les puritains abolirent Part et fermèrent les spectacles ; il y eut un linceul sur tout le théâtre. Sous Charles II, le théâtre ressuscita, sans Shakespeare. Le faux goût de Louis XIV avait envahi l’Angleterre. Charles II était de Versailles plus que de Londres. Il avait pour maîtresse une fille française, la duchesse de Portsmouth, et pour amie intime la cassette du roi de France. Clifford, son favori, qui n’entrait jamais dans la salle du parlement sans cracher, disait : Il vaut mieux pour mon maître être vice-roi sous un grand monarque comme Louis XIV qu ’esclave de cinq cents sujets anglais insolents. Ce n’était plus le temps de la république ; le temps où Cromwell prenait le titre de Protecteur d’Angleterre et de France, et forçait ce même Louis XIV à accepter la qualité de Roi des Français.

Sous cette restauration des Stuarts, Shakespeare acheva de s’effacer. Il était si bien mort que Davenant, son fils possible, refit ses pièces. Il n’y eut plus d’autre Macbeth que le Macbeth de Davenant. Dryden parla de Shakespeare une fois pour le déclarer « hors d’usage. » Lord Shaftesbury le qualifia « esprit passé de mode. » Dryden et Shaftesbury étaient deux oracles. Dryden,