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le Conte d’hiver, la Tempête, les Joyeuses Épouses de Windsor, les Deux Gentilshommes de Vérone, Jules César, Coriolan ? Quel monument sera plus grandiose que Lear, plus farouche que le Marchand de Venise, plus éblouissant que Roméo et Juliette, plus dédaléen que Richard III ? Quelle lune jettera à cet édifice une lumière plus mystérieuse que le Songe d’une nuit d’été ? Quelle capitale, fût-ce Londres, fera autour de lui une rumeur aussi gigantesque que l’âme en tumulte de Macbeth ? Quelle charpente de cèdre ou de chêne durera autant qu’Othello ? Quel airain sera airain autant que Hamlet ? Aucune construction de chaux, de roche, de fer et de ciment ne vaut le souffle. Le profond souffle du génie, qui est la respiration de Dieu à travers l’homme. Une tête où il y a une idée, voilà le sommet ; les entassements de pierre et de brique font des efforts inutiles. Quel édifice égale une pensée ? Babel est au-dessous d’Isaïe ; Chéops est plus petite qu’Homère ; le Colisée est inférieur à Juvénal ; la Giralda de Séville est naine à côté de Cervantes ; Saint-Pierre de Rome ne va pas à la cheville de Dante. Comment vous y prendrez-vous pour faire une tour aussi haute que ce nom : Shakespeare ?

Ajoutez donc quelque chose à un esprit !

Supposez un monument. Supposez-le splendide,