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L’acceptation de l’oppression par l’opprimé finit par être complicité ; la couardise est un consentement toutes les fois que la durée d’une chose mauvaise qui pèse sur un peuple et que ce peuple empêcherait s’il voulait dépasse la quantité possible de patience d’un honnête homme ; il y a solidarité appréciable et honte partagée entre le gouvernement qui fait le mal et le peuple qui le laisse faire. Souffrir est vénérable, subir est méprisable. Passons.

Coïncidence à noter, le négateur de Shakespeare, Voltaire, est aussi l’insulteur de Jeanne d’Arc. Mais qu’est-ce donc que Voltaire ? Voltaire, disons-le avec joie et avec tristesse, c’est l’esprit français. Entendons-nous, c’est l’esprit français jusqu’à la Révolution exclusivement. A partir de la Révolution, la France grandissant, l’esprit français grandit, et tend à devenir l’esprit européen. Il est moins local et plus fraternel, moins gaulois et plus humain. Il représente de plus en plus Paris, la ville cœur du monde. Quant à Voltaire, il demeure ce qu’il est, l’homme de l’avenir, mais l’homme du passé ; il est une de ces gloires qui font dire au penseur oui et non ; il a contre lui ses deux sarcasmes, Jeanne d’Arc et Shakespeare. Il est puni par où il a raillé.