schellings pour avoir un anneau d’or. Il fut l’ami de Condell et de Hemynge, ses camarades de son vivant, ses éditeurs après sa mort. II était beau ; il avait le front haut, la barbe brune, l’air doux, la bouche aimable, l’œil profond. Il lisait volontiers Montaigne, traduit par Florio. Il fréquentait la taverne d’Apollon. Il y voyait et traitait familièrement deux assidus de son théâtre, Decker, auteur du Guis Hornbook, où un chapitre spécial est consacré à « la façon dont un homme du bel air doit se comporter au spectacle », et le docteur Symon Forman qui a laissé un journal manuscrit contenant des comptes rendus des premières représentations du Marchand de Venise et du Conte d’hiver. Il rencontrait sir Walter Raleigh au club de la Sirène. A peu près vers la même époque, Mathurin Régnier rencontrait Philippe de Béthune à la Pomme de Pin. Les grands seigneurs et les gentilshommes d’alors attachaient volontiers leurs noms à des fondations de cabarets. A Paris, le vicomte de Montauban, qui était Créqui, avait fondé le Tripot des onze mille diables ; à Madrid, le duc de Médina Sidonia, l’amiral malheureux de l’Invincible, avait fondé el Puno-en-rostro, et à Londres, sir Walter Raleigh avait fondé la Sirène. On était là ivrogne et bel esprit.
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