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donnant le fouet à Diderot. Quoique Weber soit mort, circonstance atténuante pour ceux qui sont coupables de génie, on se moque de lui en Allemagne, et depuis trente-trois ans un chef-d’œuvre est exécuté par un calembour ; l’Euryanthe s’appelle l’Ennuyante.

D’Alembert fait coup double sur Calderon et Shakespeare. Il écrit à Voltaire (lettre CV) : « J’ai annoncé à l’Académie votre Héraclius de Calderon ; elle le lira avec plaisir comme elle a lu l’arlequinade de Gilles Shakespeare. »

Que tout soit perpétuellement remis en question, que tout soit contesté, même l’incontestable, qu’importe. L’éclipse est une bonne épreuve pour la vérité comme pour la liberté. Le génie, étant vérité et étant liberté, a droit à la persécution. Que lui fait ce qui passe ? Il était avant et sera après. Ce n’est pas du côté du soleil que l’éclipse fait l’ombre.

Tout peut s’écrire. Le papier est un grand patient. L’an passé, un recueil grave imprimait ceci : Homère est en train de passer de mode.

On complète l’appréciation du philosophe, de l’artiste, ou du poëte, par le portrait de l’homme.

Byron a tué son tailleur. Molière a épousé sa fille. Shakespeare a « aimé » lord Southampton.