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toute en elle-même ; le trône envieux, quoi de plus saisissant !

La difformité tyran ne suffit pas à ce philosophe ; il lui faut aussi la difformité valet, et il crée Falstaff.’ La dynastie du bon sens, inaugurée dans Panurge, continuée dans Sancho Pança, tourne à mal et avorte dans Falstaff. L’écueil de cette sagesse-là, en effet, c’est la bassesse. Sancho Pança, adhérent à l’âne, fait corps avec l’ignorance ; Falstaff, glouton, poltron, féroce, immonde, face et panse humaines terminées en brute, marche sur les quatre pattes de la turpitude ; Falstaff est le centaure du porc.

Shakespeare est, avant tout, une imagination. Or, c’est là une vérité que nous avons indiquée déjà et que les penseurs savent, l’imagination est profondeur. Aucune faculté de l’esprit ne s’enfonce et ne creuse plus que l’imagination ; c’est la grande plongeuse. La science, arrivée aux derniers abîmes, la rencontre. Dans les sections coniques, dans lès logarithmes, dans le calcul différentiel et intégral, dans le calcul des probabilités, dans le calcul infinitésimal, dans le calcul des ondes sonores, dans l’application de l’algèbre à la géométrie, l’imagination est le coefficient du calcul, et les mathématiques deviennent poésie. Je crois peu à la science des savants bêtes.