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comme les paysans tirent à l’oie. C’était Voltaire qui en France avait commencé le feu contre ce barbare. Il le surnommait le saint Christophe des tragiques. Il disait à madame de Graffigny : Shakespeare pour rire. Il disait au cardinal de Bernis : « Faites de jolis vers, délivrez-nous, monseigneur, des fléaux, des welches, de l’académie du roi de Prusse, de la bulle Unigenitus, des constitutionnaires et des convulsionnaires, et de ce niais de Shakespeare ! Libera nos, Domine. » L’attitude de Fréron vis-à-vis de Voltaire a, devant la postérité, pour circonstance atténuante l’attitude de Voltaire vis-à-vis de Shakespeare. Du reste, pendant tout le dix-huitième siècle, Voltaire fait loi. Du moment où Voltaire bafoue Shakespeare, les anglais d’esprit, tels que mylord Maréchal, raillent à la suite. Johnson confesse l’ignorance et la vulgarité de Shakespeare. Frédéric II s’en mêle. Il écrit à Voltaire à propos de Jules César : « Vous avez bien fait de refaire selon les principes la pièce informe de cet anglais. » Voilà où en est Shakespeare au siècle dernier. Voltaire l’insulte ; La Harpe le protège : « Shakespeare lui-même, tout grossier qu’il était, n’était pas sans lecture et sans connaissance. » (LA HARPE. Introduction au cours de Littérature.)

De nos jours, le genre de critiques dont on