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marbre qui a été le palais de Cécrops, l’Odéon d’Hérode Atticus n’est plus, au pied de l’Acropole, qu’une masure sur laquelle tombe, à de certaines heures, l’ombre incomplète du Parthénon ; le temple de Thésée appartient aux hirondelles, les chèvres broutent sur le Pnyx ; mais l’idée grecque est vivante, mais la Grèce est reine, mais la Grèce est déesse. Etre un comptoir, cela passe ; être une école, cela dure.

Il est curieux de se dire aujourd’hui qu’il y a vingt-deux siècles des bourgades, isolées et éparses aux extrémités du monde connu, possédaient toutes des théâtres. En fait de civilisation, la Grèce entrait en matière par la construction d’une académie, d’un portique ou d’un logeum. Qui eût vu, presque à la même époque, s’élever à peu de distance l’une de l’autre, en Ombrie, la ville des gaulois de Sens, maintenant Sinigaglia, et, près du Vésuve, la ville hellénique Parthénopée, à présent Naples, eût reconnu la Gaule à la grande pierre debout toute rouge de sang, et la Grèce au théâtre.

Cette civilisation par la poésie et l’art avait une telle force qu’elle domptait parfois jusqu’à la guerre. Les siciliens, c’est Plutarque qui le raconte à propos de Nicias, mettaient en liberté les prisonniers grecs qui chantaient des vers d’Euripide.