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la grimace, la philosophie apparaît. Une philosophie déridée, moins sidérale, plus terrestre, tout aussi mystérieuse que la philosophie triste. L’inconnu qui est dans l’homme et l’inconnu qui est dans les choses se confrontent ; et il se trouve qu’en se rencontrant, ces deux augures, la Nature et le Destin, ne gardent pas leur sérieux. La poésie, chargée d’anxiétés, bafoue, qui ? elle-même. Une joie, qui n’est pas la sérénité, jaillit de l’incompréhensible. On ne sait quelle raillerie haute et sinistre se met à faire des éclairs dans l’ombre humaine. Les obscurités amoncelées autour de nous jouent avec notre âme. Épanouissement redoutable de l’inconnu. Le mot pour rire sort de l’abîme.

Cet inquiétant rire de l’art s’appelle, dans l’antiquité Aristophane, et dans les temps modernes Rabelais.

Quand Pratinas le dorien eût inventé la pièce à satyres, la comédie faisant son apparition en face de la tragédie, le rire à côté du deuil, les deux genres prêts à s’accoupler peut-être, cela fit scandale. Agathon, l’ami d’Euripide, alla à Dodone consulter Loxias. Loxias, c’est Apollon. Loxias signifie tortueux, et l’on nommait Apollon le Tortueux, à cause de ses oracles toujours indirects et pleins de méandres