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Ce sphinx a été une muse, la grande muse pontificale et lascive du rut universel, et Aristophane l’aimait. Ce sphinx soufflait à Eschyle la tragédie et à Aristophane la comédie. Il contenait quelque chose de Cybèle. L’antique impudeur sacrée est dans Aristophane. Par moments, il a Bacchus aux lèvres en écume. Il sort des Dionysiaques, ou de l’Aschosie, ou de la grande Orgie triétérique, et l’on croit voir un furieux des mystères. Son vers titubant ressemble à la bassaride sautant à cloche-pied sur des vessies pleines d’air. Aristophane a l’obscénité sacerdotale. Il est pour la nudité contre l’amour. Il dénonce les Phèdres et les Sthénobées, et il fait Lysistrata.

Qu’on ne s’y trompe pas, ceci était de la religion, et un cynique était un austère. Les gymnosophistes étaient le point d’intersection de la lubricité et de la pensée. Le bouc, avec sa barbe de philosophe, était de cette secte. Ce sombre Orient extatique et bestial vit encore dans le santon, le derviche et le fakir. Les corybantes étaient des sortes de fakirs grecs. Aristophane appartenait, comme Diogène, à cette famille. Eschyle, par son côté oriental, y confinait, mais il gardait la chasteté tragique.

Ce mystérieux naturalisme était l’antique Génie de la Grèce. Il s’appelait Poésie et Philosophie.