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SHAKESPEARE

le canoniser suffisait, pourquoi l’innocenter ? Nous ne nous prêtons point à ces remises en question de procès jugés. Nous n’avons aucun goût à rendre de ces petits services au fanatisme, qu’il soit calife ou pape, qu’il brûle les livres ou qu’il brûle les hommes. On a fort plaidé pour Omar. Une certaine classe d’historiens et de critiques biographes s’apitoie volontiers sur les sabres, si calomniés, ces pauvres sabres. Jugez de la tendresse qu’on a pour un cimeterre. Le cimeterre, c’est le sabre idéal. C’est mieux que bête, c’est turc. Omar a donc été nettoyé le plus possible. On a argué d’un premier incendie du quartier Bruchion où était la bibliothèque alexandrine, pour prouver la facilité de ces accidents ; celui-ci était de la faute de Jules César, autre sabre ; puis d’un second incendie, partiel, du Sérapéum, pour accuser les chrétiens, ces démagogues d’alors. Si l’incendie du Sérapéum avait détruit la bibliothèque alexandrine, au quatrième siècle, Hypathie n’aurait pas pu, au cinquième siècle, donner, dans cette même bibliothèque, ces leçons de philosophie qui la firent massacrer à coups de pots cassés. Sur Omar, nous croyons volontiers les Arabes. Abd-Allatif a vu, vers 1220, à Alexandrie, « la colonne des piliers supportant une coupole, » et il dit : « là était la bibliothèque