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n’a pas Eschyle, exactement comme plus tard Leidrade, archevêque de Lyon et bibliothécaire de Charlemagne, dit à Charlemagne : L’empereur n’a pas Scœva Memor.

Ptolémée Évergète, voulant compléter l’œuvre du Philadelphe son père, résolut de donner Eschyle à la bibliothèque d’Alexandrie. Il déclara qu’il en ferait faire une copie. Il envoya une ambassade emprunter aux Athéniens l’exemplaire unique et sacré gardé par le greffier de la république. Athènes, peu prêteuse, hésita et demanda un nantissement. Le roi d’Égypte offrit quinze talents d’argent. Si l’on veut se rendre compte de ce que c’est que quinze talents, on n’a qu’à se dire que c’était les trois quarts du tribut annuel de rançon payé par la Judée à l’Égypte, lequel était de vingt talents et pesait à tel point sur le peuple juif que le grand-prêtre Onias II, fondateur du temple Onion, se décida à refuser ce tribut, au risque d’une guerre. Athènes accepta le gage. Les quinze talents furent déposés. L’Eschyle complet fut remis au roi d’Égypte. Le roi abandonna les quinze talents et garda le livre.

Athènes indignée eut une velléité de guerre contre l’Égypte. Reconquérir Eschyle, cela valait bien reconquérir Hélène. Recommencer Troie, mais cette fois pour ravoir Homère, c’était