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Thyeste en est, Turcaret aussi. Si vous voulez le définir, mettez dans votre définition Electre et Marton.

Le drame est déconcertant. Il déroute les faibles. Cela tient à son ubiquité. Le drame a tous les horizons. Qu’on juge de sa capacité. L’épopée a pu être fondue dans le drame, et le résultat, c’est cette merveilleuse nouveauté littéraire qui est en même temps une puissance sociale, le roman.

L’épique, le lyrique et le dramatique amalgamés, le roman est ce bronze. Don Quichotte est iliade, ode et comédie.

Tel est l’élargissement possible du drame.

Le drame est le plus vaste récipient de l’art. Dieu et Satan y tiennent : voyez Job.

A se placer au point de vue de l’art absolu, le propre de l’épopée, c’est la grandeur ; le propre du drame, c’est l’immensité. L’immense diffère du grand, en ce qu’il exclut, si bon lui semble, la dimension, en ce qu’« il passe la mesure », comme on dit vulgairement, et en ce qu’il peut, sans perdre la beauté, perdre la proportion. Il est harmonieux comme la Voie lactée. C’est par l’immensité que le drame commence, il y a quatre mille ans, dans Job, que nous venons de rappeler, et, il y a deux mille cinq cents ans, dans Eschyle ; c’est par l’immensité qu’il se