Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

occasion, il insulte l’airain. Plaudite, cives, dit Plaute. Corneille, à soixante-cinq ans, se fait aimer (tradition dans la famille Escoubleau) de la toute jeune marquise de Contades en lui promettant la postérité :

 
Chez cette race nouvelle,
Où j’aurai quelque crédit,
Vous ne passerez pour belle
Qu’autant que je l’aurai dit.


Dans le poëte et dans l’artiste il y a de l’infini. C’est cet ingrédient, l’infini, qui donne à cette sorte de génie la grandeur irréductible.

Cette quantité d’infini, qui est dans l’art, est extérieure au progrès. Elle peut avoir, et elle a, envers le progrès, des devoirs ; mais elle ne dépend pas de lui. Elle ne dépend d’aucun des perfectionnements de l’avenir, d’aucune transformation de langue, d’aucune mort ou d’aucune naissance d’idiome. Elle a en elle l’incommensurable et l’innombrable ; elle ne peut être domptée par aucune concurrence ; elle est aussi pure, aussi complète, aussi sidérale, aussi divine en pleine barbarie qu’en pleine civilisation. Elle est le Beau, divers selon les génies, mais toujours égal à lui-même. Suprême.

Telle est la loi, peu connue, de l’art.