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mament, des météores, des fleurs, des bêtes, des forêts, des saisons, des phénomènes. Le pêcheur d’Ionie étudie la vague, le pâtre de Chaldée épelle l’étoile. Puis sont venus les premiers livres ; sublime progrès. Le livre est plus vaste encore que ce spectacle, le monde ; car au fait il ajoute l’idée. Si quelque chose est plus grand que Dieu vu dans le soleil, c’est Dieu vu dans Homère.

L’univers sans le livre, c’est la science qui s’ébauche ; l’univers avec le livre, c’est l’idéal qui apparaît. Aussi, modification immédiate dans le phénomène humain. Où il n’y avait que la force, la puissance se révèle. L’idéal appliqué aux faits réels, c’est la civilisation. La poésie écrite et chantée commence son œuvre, déduction magnifique et efficace de la poésie vue. Chose frappante à énoncer, la science rêvait, la poésie agit. Avec un bruit de lyre, le penseur chasse la férocité.

Nous reviendrons plus tard sur cette puissance du livre, n’y insistons pas en ce moment ; elle éclate. Or beaucoup d’écrivants, peu de lisants ; tel était le monde jusqu’à ce jour. Ceci va changer. L’enseignement obligatoire, c’est pour la lumière une recrue d’âmes. Désormais tous les progrès se feront dans l’humanité par le grossissement de la région lettrée. Le dia-