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Qui passent en chantant, là-bas, dans les bruyères.

Le chant se rapproche. On distingue les paroles. La reine écoute avidement.
Voix du dehors.

À quoi bon entendre
Les oiseaux des bois ?
L’oiseau le plus tendre
Chante dans ta voix.

Que Dieu montre ou voile
Les astres des cieux !
La plus pure étoile
Brille dans tes yeux.

Qu’avril renouvelle
Le jardin en fleur !
La fleur la plus belle
Fleurit dans ton cœur.

Cet oiseau de flamme,
Cet astre du jour,
Cette fleur de l’âme,
S’appelle l’amour !

Les voix décroissent et s’éloignent.
La Reine, rêveuse.

L’amour ! — oui, celles-là sont heureuses. — Leur voix,
Leur chant me fait du mal et du bien à la fois.

La Duchesse, aux duègnes.

Ces femmes dont le chant importune la reine,
Qu’on les chasse !