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Casilda.

Il rendait ses devoirs : — rendons-nous pas les nôtres ?

La Reine.

Sa lèvre n’était pas comme celle des autres.
C’est la dernière fois que je l’ai vu. Depuis,
J’y pense très-souvent. J’ai bien d’autres ennuis,
C’est égal, je me dis : — L’enfer est dans cette âme.
Devant cet homme-là je ne suis qu’une femme. —
Dans mes rêves, la nuit, je rencontre en chemin
Cet effrayant démon qui me baise la main ;
Je vois luire son œil d’où rayonne la haine ;
Et, comme un noir poison qui va de veine en veine,
Souvent, jusqu’à mon cœur qui semble se glacer,
Je sens en longs frissons courir son froid baiser !
Que dis-tu de cela ?

Casilda.

Que dis-tu de cela ? Purs fantômes, madame.

La Reine.

Au fait, j’ai des soucis bien plus réels dans l’âme.

À part.

Oh ! ce qui me tourmente, il faut le leur cacher !

À Casilda.

Dis-moi, ces mendiants qui n’osaient approcher…