Page:Hugo - Ruy Blas, édition 1839.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.

À la voix de don Salluste, Ruy Blas se lève comme réveillé en sursaut, et se tient debout, les yeux baissés, dans l’attitude du respect.
Don César, à part, regardant don Salluste de travers.

Ruy Blas ! —Voici l’argent : Hum ! Le diable m’emporte !
Cette sombre figure écoutait à la porte.
Bah ! qu’importe, après tout !

Haut à don Salluste.

Bah ! qu’importe, après tout !Don Salluste, merci.

Il ouvre la bourse, la répand sur la table et remue avec joie les ducats qu’il range en piles sur le tapis de velours. Pendant qu’il les compte, don Salluste va au fond, en regardant derrière lui s’il n’éveille pas l’attention de don César. Il ouvre la petite porte de droite. À un signe qu’il fait, trois alguazils armés d’épées et vêtus de noir en sortent. Don Salluste leur montre mystérieusement don César. Ruy Blas se tient immobile et debout près de la table comme une statue, sans rien voir ni rien entendre.
Don Salluste, bas, aux alguazils.

Vous allez suivre, alors qu’il sortira d’ici,
L’homme qui compte là de l’argent. — En silence,
Vous vous emparerez de lui. — Sans violence.
Vous l’irez embarquer, par le plus court chemin,
À Denia. —

Il leur remet un parchemin scellé.

À Denia. —Voici l’ordre écrit de ma main. —
Enfin, sans écouter sa plainte chimérique,