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on peut consulter Solo Madrid es corte, on y trouvera cette somme pour le règne de Charles II, sans un maravedi de plus ou de moins. Quand don Salluste dit : Sandoval porte d’or à la bande de sable, on n’a qu’à recourir au registre de la grandesse pour s’assurer que don Salluste ne change rien au blason de Sandoval. Quand le laquais du quatrième acte dit : L’or est en souverains, bons quadruples pesant sept gros trente-six grains, ou bons doublons au marc, on peut ouvrir le livre des monnaies publié sous Philippe IV, en la imprenta real. De même pour le reste. L’auteur pourrait multiplier à l’infini ce genre d’observations, mais on comprendra qu’il s’arrête ici. Toutes ses pièces pourraient être escortées d’un volume de notes dont il se dispense et dont il dispense le lecteur. Il l’a déjà dit ailleurs, et il espère qu’on s’en souvient peut-être, à défaut de talent il a la conscience. Et cette conscience, il veut la porter en tout, dans les petites choses comme dans les grandes, dans la citation d’un chiffre comme dans la peinture des cœurs et des âmes, dans le dessin d’un blason comme dans l’analyse des caractères et des passions. Seulement, il croit devoir maintenir rigoureusement chaque chose dans sa proportion, et ne jamais souffrir que le petit détail sorte de sa place. Les petits détails d’histoire et de vie domestique doivent être scrupuleusement étudiés et reproduits par le poète, mais uniquement comme des moyens d’accroître la réalité de l’ensemble, et de faire pénétrer jusque dans les coins les plus obscurs de l’œuvre cette vie générale et puissante au milieu de laquelle les personnages sont plus vrais, et les catastrophes, par