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Il pousse sur le parchemin la main de la reine éperdue et tremblante, et qui semble prête à signer.
Ruy Blas, comme se réveillant tout à coup.

Je m’appelle Ruy Blas, et je suis un laquais !

Arrachant des mains de la reine la plume et le parchemin qu’il déchire.

Ne signez pas, madame ! — Enfin ! — Je suffoquais !

La Reine.

Que dit-il ? don César !

Ruy Blas, laissant tomber sa robe et se montrant vêtu de la livrée ; sans épée.

Que dit-il ? don César !Je dis que je me nomme
Ruy Blas, et que je suis le valet de cet homme !

Se retournant vers don Salluste.

Je dis que c’est assez de trahison ainsi,
Et que je ne veux pas de mon bonheur ! — Merci !
— Ah vous avez eu beau me parler à l’oreille ! —
Je dis qu’il est bien temps qu’enfin je me réveille,
Quoique tout garrotté dans vos complots hideux,
Et que je n’irai pas plus loin, et qu’à nous deux,
Monseigneur, nous faisons un assemblage infâme.
J’ai l’habit d’un laquais, et vous en avez l’âme !

Don Salluste, à la reine, froidement.

Cet homme est en effet mon valet.

À Ruy Blas avec autorité.

Cet homme est en effet mon valet.Plus un mot.

La Reine, laissant enfin échapper un cri de désespoir et se tordant les mains.

Juste ciel !