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ACTE CINQUIÈME.


Même chambre. C’est la nuit. Une lampe est posée sur la table.
Au lever du rideau Ruy Blas est seul. Une sorte de longue robe noire cache ses vêtements.


Scène PREMIÈRE.


Ruy Blas, seul.

C’est fini. Rêve éteint ! Visions disparues !
Jusqu’au soir au hasard j’ai marché dans les rues.
J’espère en ce moment. Je suis calme. La nuit,
On pense mieux. La tête est moins pleine de bruit.
Rien de trop effrayant sur ces murailles noires ;
Les meubles sont rangés, les clefs sont aux armoires.
Les muets sont là-haut qui dorment. La maison
Est vraiment bien tranquille. Oh ! oui, pas de raison
D’alarme. Tout va bien. Mon page est très-fidèle.
Don Guritan est sûr alors qu’il s’agit d’elle.
Ô mon dieu ! n’est-ce pas que je puis vous bénir,
Que vous avez laissé l’avis lui parvenir,
Que vous m’avez aidé, vous Dieu bon, vous Dieu juste,
À protéger cet ange, à déjouer Salluste,
Qu’elle n’a rien à craindre, hélas ! rien à souffrir,
Et qu’elle est bien sauvée, — et que je puis mourir ?