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Scène CINQUIÈME.

DON CÉSAR, DON GURITAN.
Don Guritan, du fond du théâtre.

Don César De Bazan !

Don César.
Il se retourne et aperçoit don Guritan et les deux épées.

Don César De Bazan !Enfin ! à la bonne heure !
L’aventure était bonne, elle devient meilleure.
Bon dîner, de l’argent, un rendez-vous, — un duel !
Je redeviens César à l’état naturel !

Il aborde gaiement, avec force salutations empressées, don Guritan, qui fixe sur lui un œil inquiétant et s’avance d’un pas roide sur le devant du théâtre.

C’est ici, cher seigneur. Veuillez prendre la peine

Il lui présente un fauteuil. Don Guritan reste debout.

D’entrer, de vous asseoir. — Comme chez vous, — sans gêne.
Enchanté de vous voir. Çà, causons un moment.
Que fait-on à Madrid ? Ah ! quel séjour charmant !
Moi, je ne sais plus rien, je pense qu’on admire
Toujours Matalobos et toujours Lindamire.
Pour moi je craindrais plus, comme péril urgent,
La voleuse de cœurs que le voleur d’argent.
Oh ! les femmes, monsieur ! Cette engeance endiablée
Me tient, et j’ai la tête à leur endroit fêlée.
Parlez, remettez-moi l’esprit en bon chemin.