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Le Laquais.

En montant l’escalier. Prends-y garde.Une échelle ?

Don César.

À peu près. C’est plus roide. — En haut loge une belle
Facile à reconnaître, un bonnet de six sous
Avec de gros cheveux ébouriffés dessous,
Un peu courte, un peu rousse… — Une femme charmante !
Sois très-respectueux, mon cher, c’est mon amante !
Lucinda, qui jadis, blonde à l’œil indigo,
Chez le pape, le soir, dansait le fandango.
Compte-lui cent ducats en mon nom. — Dans un bouge,
À côté, tu verras un gros diable au nez rouge,
Coiffé jusqu’aux sourcils d’un vieux feutre fané
Où pend tragiquement un plumeau consterné,
La rapière à l’échine et la loque à l’épaule.
— Donne de notre part six piastres à ce drôle. —
Plus loin, tu trouveras un trou noir comme un four,
Un cabaret qui chante au coin d’un carrefour.
Sur le seuil boit et fume un vivant qui le hante.
C’est un homme fort doux et de vie élégante,
Un seigneur dont jamais un juron ne tomba,
Et mon ami de cœur, nommé Goulatromba.
— Trente écus ! — Et dis-lui, pour toutes patenôtres,
Qu’il les boive bien vite et qu’il en aura d’autres.
Donne à tous ces faquins ton argent le plus rond,
Et ne t’ébahis pas des yeux qu’ils ouvriront.

Le Laquais.

Après ?