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Scène DEUXIÈME.

DON CÉSAR.
Effaré, essoufflé, décoiffé, étourdi, avec une expression joyeuse et inquiète en même temps.

Vous laisserez entrer ! — Allons ?Tant pis ! c’est moi !

Il se relève en se frottant la jambe sur laquelle il est tombé, et s’avance dans la chambre avec force révérences et chapeau bas.

Pardon ! ne faites pas attention, je passe.
Vous parliez entre vous. Continuez, de grâce.
J’entre un peu brusquement, messieurs, j’en suis fâché !

Il s’arrête au milieu de la chambre et s’aperçoit qu’il est seul.

— Personne ! — sur le toit tout à l’heure perché,
J’ai cru pourtant ouïr un bruit de voix. — Personne !

S’asseyant dans un fauteuil.

Fort bien. Recueillons-nous. La solitude est bonne.
— Ouf ! que d’événements ! — J’en suis émerveillé
Comme l’eau qu’il secoue aveugle un chien mouillé.
Primo, ces alguazils qui m’ont pris dans leurs serres ;
Puis cet embarquement absurde ; ces corsaires ;
Et cette grosse ville où l’on m’a tant battu ;
Et les tentations faites sur ma vertu
Par cette femme jaune ; et mon départ du bagne ;
Mes voyages ; enfin, mon retour en Espagne !