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De sortir du palais. — Oh oui, le piége est là.
Sans doute. Autour de moi tout est nuit, tout est gouffre.
Je sens le piége, mais je ne vois pas. — Je souffre !
C’est dit. Empêchons-la de sortir du palais.
Faisons-la prévenir sûrement, sans délais. —
Par qui ? — je n’ai personne !

Il rêve avec accablement. Puis, tout à coup, comme frappé d’une idée subite et d’une lueur d’espoir, il relève la tête.

Par qui ? — je n’ai personne ! — Oui, don Guritan l’aime !
C’est un homme loyal ! oui !

Faisant signe au page de s’approcher. Bas.

C’est un homme loyal ! oui ! — Page, à l’instant même,
Va chez don Guritan, et fais-lui de ma part
Mes excuses, et puis dis-lui que sans retard
Il aille chez la reine et qu’il la prie en grâce,
En mon nom comme au sien, quoi qu’on dise ou qu’on fasse,
De ne point s’absenter du palais de trois jours.
Quoi qu’il puisse arriver. De ne point sortir. Cours !

Rappelant le page.

Ah !

Il tire de son garde-notes une feuille et un crayon.

Ah ! Qu’il donne ce mot à la reine, et qu’il veille !

Il écrit rapidement sur son genou.

— « Croyez don Guritan, faites ce qu’il conseille ! »

Il ploie le papier et le remet au page.

Quant à ce duel, dis-lui que j’ai tort, que je suis
À ses pieds, qu’il me plaigne et que j’ai des ennuis,