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notre-dame de paris.

— Cela est vrai, mon maître. Eh bien ! vous plairait-il m’initier ? Faites-moi épeler avec vous ?

Claude prit l’attitude majestueuse et pontificale d’un Samuel.

— Vieillard, il faut de plus longues années qu’il ne vous en reste pour entreprendre ce voyage à travers les choses mystérieuses. Votre tête est bien grise ! On ne sort de la caverne qu’avec des cheveux blancs, mais on n’y entre qu’avec des cheveux noirs. La science sait bien toute seule creuser, flétrir et dessécher les faces humaines ; elle n’a pas besoin que la vieillesse lui apporte des visages tout ridés. Si cependant l’envie vous possède de vous mettre en discipline à votre âge et de déchiffrer l’alphabet redoutable des sages, venez à moi, c’est bien, j’essaierai. Je ne vous dirai pas, à vous pauvre vieux, d’aller visiter les chambres sépulcrales des pyramides dont parle l’ancien Hérodotus, ni la tour de brique de Babylone, ni l’immense sanctuaire de marbre blanc du temple indien d’Eklinga. Je n’ai pas vu plus que vous les maçonneries chaldéennes construites suivant la forme sacrée du Sikra, ni le temple de Salomon, qui est détruit, ni les portes de pierre du sépulcre des rois d’Israël, qui sont brisées. Nous nous contenterons des fragments du livre d’Hermès que nous avons ici. Je vous expliquerai la statue de saint Christophe, le symbole du semeur, et celui des deux anges qui sont au portail de la Sainte-Chapelle, et dont l’un a sa main dans un vase et l’autre dans une nuée…

Ici, Jacques Coictier, que les répliques fougueuses de l’archidiacre avaient désarçonné, se remit en selle, et l’interrompit du ton triomphant d’un savant qui en redresse un autre : — Erras, amice Claudi. Le symbole n’est pas le nombre. Vous prenez Orpheus pour Hermès.

— C’est vous qui errez, répliqua gravement l’archidiacre. Dedalus, c’est le soubassement, Orpheus, c’est la muraille, Hermès, c’est l’édifice, c’est le tout. — Vous viendrez quand vous voudrez, poursuivit-il en se tournant vers le Tourangeau, je vous montrerai les parcelles d’or restées au fond du creuset de Nicolas Flamel et vous les comparerez à l’or de Guillaume de Paris. Je vous apprendrai les vertus secrètes du mot grec peristera. Mais avant tout, je vous ferai lire l’une après l’autre les lettres de marbre de l’alphabet, les pages de granit du livre. Nous irons du portail de l’évêque Guillaume et de Saint-Jean-le-Rond à la Sainte-Chapelle, puis à la maison de Nicolas Flamel, rue Marivaulx, à son tombeau, qui est aux Saints-Innocents, à ses deux hôpitaux, rue de Montmorency. Je vous ferai lire les hiéroglyphes dont sont couverts les quatre gros che-