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fait ressembler un roi à Jésus-Christ. Soyons des souverains miséricordieux. Cette pauvre Italie a assez de tyrans sans nous depuis le baron vicaire du pape jusqu’au pape vicaire de Dieu. Finissons-en, cher Alphonse. Mettez ce Gennaro en liberté. C’est un caprice, si vous voulez ; mais c’est quelque chose de sacré et d’auguste que le caprice d’une femme, quand il sauve la tête d’un homme.

Don Alphonse. Je ne puis, chère Lucrèce.

Dona Lucrezia. Vous ne pouvez ? Mais enfin pourquoi ne pouvez-vous pas m’accorder quelque chose d’aussi insignifiant que la vie de ce capitaine ?

Don Alphonse. Vous me demandez pourquoi, mon amour ?

Dona Lucrezia. Oui, pourquoi ?

Don Alphonse. Parce que ce capitaine est votre amant, madame !

Dona Lucrezia. Ciel !

Don Alphonse. Parce que vous l’avez été chercher à Venise ! Parce que vous l’iriez chercher en enfer ! Parce que je vous ai suivie pendant que vous le suiviez ! Parce que je vous ai vue, masquée et haletante, courir après lui comme la louve après sa