Ecoute, Gubetta, tu es mon plus ancien et mon plus fidèle confident…
Gubetta. Voilà quinze ans, en effet, que j’ai l’honneur d’être votre collaborateur.
Dona Lucrezia. Hé bien ! Dis, Gubetta, mon vieil ami, mon vieux complice, est-ce que tu ne commences pas à sentir le besoin de changer de genre de vie ? Est-ce que tu n’as pas soif d’être béni, toi et moi, autant que nous avons été maudits ? Est-ce que tu n’en as pas assez du crime ?
Gubetta. Je vois que vous êtes en train de devenir la plus vertueuse altesse qui soit.
Dona Lucrezia. Est-ce que notre commune renommée à tous deux, notre renommée infâme, notre renommée de meurtre et d’empoisonnement, ne commence pas à te peser, Gubetta ?
Gubetta. Pas du tout. Quand je passe dans les rues de Spolette, j’entends bien quelquefois des manans qui fredonnent autour de moi : hum ! Ceci est Gubetta, Gubetta-poison, Gubetta-poignard, Gubetta-gibet ! Car ils ont mis à mon nom une flamboyante aigrette de sobriquets. On