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prudence vous avez faite là ! Mettez votre vie en sûreté. Je vous ferai sortir du palais par une porte dérobée que je connais. Tout peut se réparer encore. Il est nuit. Des chevaux seront bientôt sellés. Demain matin vous serez loin de Ferrare. N’est-ce pas qu’il s’y fait des choses qui vous épouvantent ? Buvez, et partons. Il faut vivre ! Il faut vous sauver !

Gennaro, prenant un couteau sur la table. C’est-à-dire que vous allez mourir, madame !

Dona Lucrezia. Comment ! Que dites-vous ?

Gennaro. Je dis que vous venez d’empoisonner traîtreusement cinq gentilshommes, mes amis, mes meilleurs amis, par le ciel ! Et parmi eux, Maffio Orsini, mon frère d’armes, qui m’avait sauvé la vie à Vicence, et avec qui toute injure et toute vengeance m’est commune. Je dis que c’est une action infâme que vous avez faite là, qu’il faut que je venge Maffio et les autres, et que vous allez mourir !

Dona Lucrezia. Terre et cieux !

Gennaro. Faites votre prière, et faites-la courte, madame. Je suis empoisonné. Je n’ai pas le temps d’attendre.