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V

LES RISQUES DE MER


L’overfall, lisez : casse-cou, est partout sur la côte ouest de Guernesey. Les vagues l’ont savamment déchiquetée. La nuit, sur la pointe des rochers suspects, des clartés invraisemblables, aperçues, dit-on, et affirmées par des rôdeurs de mer, avertissent ou trompent. Ces mêmes rôdeurs, hardis et crédules, distinguent sous l’eau l’holothurion des légendes, cette ortie marine et infernale qu’on ne peut toucher sans que la main prenne feu. Telle dénomination locale, Tinttajeu, par exemple (du gallois, Tintagel), indique la présence du diable. Eustache, qui est Wace, le dit dans ses vieux vers :

Dont commença mer à meller ;
Undes à croistres et à troubler,
Noircir il cieux, noircir la nue ;
Tost fust la mer toute espandue.

Cette Manche est aussi insoumise aujourd’hui qu’au temps de Tewdrig, d’umbrafel, d’Hamon-dhû le noir et du