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LA DÉCROISSANCE CRÉPUSCULAIRE.

Cosette haussa les épaules.

— Faire enlever les fauteuils ! L’autre jour vous faites éteindre le feu. Comme vous êtes singulier !

— Adieu, murmura Jean Valjean.

Il ne dit pas : Adieu, Cosette. Mais il n’eut pas la force de dire : Adieu, madame.

Il sortit accablé.

Cette fois il avait compris.

Le lendemain il ne vint pas. Cosette ne le remarqua que le soir.

— Tiens, dit-elle, monsieur Jean n’est pas venu aujourd’hui.

Elle eut comme un serrement de cœur, mais elle s’en aperçut à peine, tout de suite distraite par un baiser de Marius.

Le jour d’après, il ne vint pas.

Cosette n’y prit pas garde, passa sa soirée et dormit sa nuit, comme à l’ordinaire, et n’y pensa qu’en se réveillant. Elle était si heureuse ! Elle envoya bien vite Nicolette chez monsieur Jean savoir s’il était malade, et pourquoi il n’était pas venu la veille. Nicolette rapporta la réponse de monsieur Jean. Il n’était point malade. Il était occupé. Il viendrait bientôt. Le plus tôt qu’il pourrait. Du reste, il allait faire un petit voyage. Que madame devait se souvenir que c’était son habitude de faire des voyages de temps en temps. Qu’on n’eût pas d’inquiétude. Qu’on ne songeât point à lui.

Nicolette, en entrant chez monsieur Jean, lui avait répété les propres paroles de sa maîtresse. Que madame