Page:Hugo - Les Misérables Tome V (1890).djvu/363

Cette page a été validée par deux contributeurs.
355
LA NUIT BLANCHE.

— Je suis louée.

— Ah fichtre !

— Je dois ma journée de poissarde à la préfecture.

— C’est vrai.

— Si je quitte la voiture, le premier inspecteur qui me voit m’arrête. Tu sais bien.

— Oui, je sais.

— Aujourd’hui, je suis achetée par Pharos[1].

— C’est égal. Ce vieux m’embête.

— Les vieux t’embêtent. Tu n’es pourtant pas une jeune fille.

— Il est dans la première voiture.

— Eh bien ?

— Dans la roulotte de la mariée.

— Après ?

— Donc il est le père.

— Qu’est-ce que cela me fait ?

— Je te dis qu’il est le père.

— Il n’y a pas que ce père-là.

— Écoute.

— Quoi ?

— Moi, je ne peux guère sortir que masqué. Ici, je suis caché, on ne sait pas que j’y suis. Mais demain, il n’y a plus de masques. C’est mercredi des cendres. Je risque de tomber[2]. Il faut que je rentre dans mon trou. Toi, tu es libre.

— Pas trop.

  1. Pharos, le gouvernement.
  2. Tomber, être arrêté.