L’affaire Champmathieu. | 457 |
— Est-ce que vous allez à Arras ? ajouta le cantonnier.
— Oui.
— Si vous allez de ce train, vous n’y arriverez pas de bonne heure.
Il arrêta le cheval et demanda au cantonnier :
— Combien y a-t-il encore d’ici à Arras ?
— Près de sept grandes lieues.
— Comment cela ? le livre de poste ne marque que cinq lieues et un quart.
— Ah ! reprit le cantonnier, vous ne savez donc pas que la route est en réparation ? Vous allez la trouver coupée à un quart d’heure d’ici. Pas moyen d’aller plus loin.
— Vraiment ?
— Vous prendrez à gauche, le chemin qui va à Carency, vous passerez la rivière ; et, quand vous serez à Camblin, vous tournerez à droite ; c’est la route de Mont-Saint-Éloy qui va à Arras.
— Mais voilà la nuit, je me perdrai.
— Vous n’êtes pas du pays ?
— Non.
— Avec ça, c’est tout chemins de traverse. Tenez, Monsieur, reprit le cantonnier, voulez-vous que je vous donne un conseil ? Votre cheval est las, rentrez dans Tinques. Il y a une bonne auberge. Couchez-y. Vous irez demain à Arras.
— Il faut que j’y sois ce soir.
— C’est différent. Alors allez tout de même à cette auberge et prenez-y un cheval de renfort. Le garçon du cheval vous guidera dans la traverse.