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430 Les Misérables. ― Fantine.  

Au bout de quelques secondes, la chambre et le mur d’en face furent éclairés d’une grande réverbération rouge et tremblante. Tout brûlait. Le bâton d’épine pétillait et jetait des étincelles jusqu’au milieu de la chambre.

Le havresac, en se consumant avec d’affreux chiffons qu’il contenait, avait mis à nu quelque chose qui brillait dans la cendre. En se penchant, on eût aisément reconnu une pièce d’argent. Sans doute la pièce de quarante sous volée au petit savoyard.

Lui ne regardait pas le feu et marchait, allant et venant toujours du même pas.

Tout à coup ses yeux tombèrent sur les deux flambeaux d’argent que la réverbération faisait reluire vaguement sur la cheminée.

— Tiens ! pensa-t-il, tout Jean Valjean est encore là-dedans. Il faut aussi détruire cela.

Il prit les deux flambeaux.

Il y avait assez de feu pour qu’on pût les déformer promptement et en faire une sorte de lingot méconnaissable.

Il se pencha sur le foyer et s’y chauffa un instant. Il eut un vrai bien-être. — La bonne chaleur ! dit-il.

Il remua le brasier avec un des deux chandeliers.

Une minute de plus, et ils étaient dans le feu.

En ce moment il lui sembla qu’il entendait une voix qui criait au dedans de lui :

— Jean Valjean ! Jean Valjean !

Ses cheveux se dressèrent, il devint comme un homme qui écoute une chose terrible.

— Oui ! c’est cela, achève ! disait la voix. Complète ce