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LES MISÉRABLES. — FANTINE.

— Monsieur le maire sait conduire ?

— Oui.

— Eh bien, monsieur le maire voyagera seul et sans bagage afin de ne point charger le cheval.

— Convenu.

— Mais monsieur le maire, n’ayant personne avec lui, sera obligé de prendre la peine de surveiller lui-même l’avoine.

— C’est dit.

— Il me faudra trente francs par jour. Les jours de repos payés. Pas un liard de moins, et la nourriture de la bête à la charge de monsieur le maire.

M. Madeleine tira trois napoléons de sa bourse et les mit sur la table.

— Voilà deux jours d’avance.

— Quatrièmement, pour une course pareille un cabriolet serait trop lourd et fatiguerait le cheval. Il faudrait que monsieur le maire consentît à voyager dans un petit tilbury que j’ai.

— J’y consens.

— C’est léger, mais c’est découvert.

— Cela m’est égal.

— Monsieur le maire a-t-il réfléchi que nous sommes en hiver ?…

M. Madeleine ne répondit pas. Le flamand reprit :

— Qu’il fait très froid ?

M. Madeleine garda le silence. Maître Scaufflaire continua :

— Qu’il peut pleuvoir ?