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LES MISÉRABLES




III

APPARITION AU PÈRE MABEUF


Avant que le père Mabeuf, qui s’effarait aisément et qui avait, comme nous avons dit, l’effroi facile, eût pu répondre une syllabe, cet être, dont les mouvements avaient dans l’obscurité une sorte de brusquerie bizarre, avait décroché la chaîne, plongé et retiré le seau, et rempli l’arrosoir, et le bonhomme voyait cette apparition qui avait les pieds nus et une jupe en guenilles courir dans les plates-bandes en distribuant la vie autour d’elle. Le bruit de l’arrosoir sur les feuilles remplissait l’âme du père Mabeuf de ravissement.

(Volume IV. — Livre II : Chapitre III.)