d’arabesques, et qu’il eût intitulée : Dialogue du rasoir et du sabre.
— Monsieur, disait le perruquier, comment l’empereur montait-il à cheval ?
— Mal. Il ne savait pas tomber. Aussi il ne tombait jamais.
— Avait-il de beaux chevaux ? il devait avoir de beaux chevaux ?
— Le jour où il m’a donné la croix, j’ai remarqué sa bête. C’était une jument coureuse, toute blanche. Elle avait les oreilles très écartées, la selle profonde, une fine tête marquée d’une étoile noire, le cou très long, les genoux fortement articulés, les côtes saillantes, les épaules obliques, l’arrière-main puissante. Un peu plus de quinze palmes de haut.
— Joli cheval, fit le perruquier.
— C’était la bête de sa majesté.
Le perruquier sentit qu’après ce mot, un peu de silence était convenable, il s’y conforma, puis reprit :
— L’empereur n’a été blessé qu’une fois, n’est-ce pas, monsieur ?
Le vieux soldat répondit avec l’accent calme et souverain de l’homme qui y a été :
— Au talon. À Ratisbonne. Je ne l’ai jamais vu si bien mis que ce jour-là. Il était propre comme un sou.
— Et vous, monsieur le vétéran, vous avez dû être souvent blessé ?
— Moi ? dit le soldat, ah ! pas grand-chose. J’ai reçu à Marengo deux coups de sabre sur la nuque, une balle dans le bras droit à Austerlitz, une autre dans la hanche gauche à Iéna, à Friedland un coup de bayonnette — là, — à la