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LES MISÉRABLES. — L’IDYLLE RUE PLUMET.

La voix de ventriloque scanda ce distique :


Nous n’sommes pas le jour de l’an,
À bécoter papa maman.


Éponine se tourna vers les cinq bandits.

— Tiens, C’est monsieur Brujon. — Bonjour, monsieur Babet. Bonjour, monsieur Claquesous. — Est-ce que vous ne me reconnaissez pas, monsieur Gueulemer ? — Comment ça va, Montparnasse ?

— Si, on te reconnaît ! fit Thénardier. Mais bonjour, bonsoir, au large ! laisse-nous tranquilles.

— C’est l’heure des renards, et pas des poules, dit Montparnasse.

— Tu vois bien que nous avons à goupiner icigo[1], ajouta Babet.

Éponine prit la main de Montparnasse.

— Prends garde ! dit-il, tu vas te couper, j’ai un lingre ouvert[2].

— Mon petit Montparnasse, répondit Éponine très doucement, il faut avoir confiance dans les gens. Je suis la fille de mon père peut-être. Monsieur Babet, monsieur Gueulemer, c’est moi qu’on a chargée d’éclairer l’affaire.

Il est remarquable qu’Éponine ne parlait pas argot. Depuis qu’elle connaissait Marius, cette affreuse langue lui était devenue impossible.

Elle pressa dans sa petite main osseuse et faible comme la main d’un squelette les gros doigts rudes de Gueulemer et continua :

  1. Travailler ici.
  2. Couteau.