chiffons de manière à faire au môme un oreiller. Puis il se tourna vers l’aîné.
— Hein ? on est joliment bien ici !
— Ah oui ! répondit l’aîné en regardant Gavroche avec une expression d’ange sauvé.
Les deux pauvres petits enfants tout mouillés commençaient à se réchauffer.
— Ah çà, continua Gavroche, pourquoi donc est-ce que vous pleuriez ?
Et montrant le petit à son frère :
— Un mioche comme ça, je ne dis pas ; mais un grand comme toi, pleurer, c’est crétin ; on a l’air d’un veau.
— Dame, fit l’enfant, nous n’avions plus du tout de logement où aller.
— Moutard ! reprit Gavroche, on ne dit pas un logement, on dit une piolle.
— Et puis nous avions peur d’être tout seuls comme ça la nuit.
— On ne dit pas la nuit, on dit la sorgue.
— Merci, monsieur, dit l’enfant.
— Écoute, repartit Gavroche, il ne faut plus geindre jamais pour rien, J’aurai soin de vous. Tu verras comme on s’amuse. L’été, nous irons à la Glacière avec Navet, un camarade à moi, nous nous baignerons à la Gare, nous courrons tout nus sur les trains devant le pont d’Austerlitz, ça fait rager les blanchisseuses. Elles crient, elles bisquent, si tu savais comme elles sont farces ! Nous irons voir l’homme squelette. Il est en vie. Aux Champs-Élysées. Il est maigre comme tout, ce paroissien-là. Et puis je vous con-