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caressante, c’est dehors que c’est noir. Dehors il pleut, ici il ne pleut pas ; dehors il fait froid, ici il n’y a pas une miette de vent ; dehors il y a un tas de monde, ici il n’y a personne ; dehors il n’y a pas même la lune, ici il y a ma chandelle, nom d’unch !

Les deux enfants commençaient à regarder l’appartement avec moins d’effroi ; mais Gavroche ne leur laissa pas plus longtemps le loisir de la contemplation.

— Vite, dit-il.

Et il les poussa vers ce que nous sommes très heureux de pouvoir appeler le fond de la chambre.

Là était son lit.

Le lit de Gavroche était complet. C’est-à-dire qu’il y avait un matelas, une couverture et une alcôve avec rideaux.

Le matelas était une natte de paille, la couverture était un assez vaste pagne de grosse laine grise fort chaude et presque neuve. Voici ce que c’était que l’alcôve.

Trois échalas assez longs enfoncés et consolidés dans les gravois du sol, c’est-à-dire du ventre de l’éléphant, deux en avant, un en arrière, et réunis par une corde à leur sommet, de manière à former un faisceau pyramidal. Ce faisceau supportait un treillage de fil de laiton qui était simplement posé dessus, mais artistement appliqué et maintenu par des attaches de fil de fer, de sorte qu’il enveloppait entièrement les trois échalas. Un cordon de grosses pierres fixait tout autour ce treillage sur le sol, de manière à ne rien laisser passer. Ce treillage n’était autre chose qu’un morceau de ces grillages de cuivre dont on revêt les volières dans les ménageries. Le lit de Gavroche était sous