Page:Hugo - Les Misérables Tome IV (1890).djvu/228

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Nous ne savons pas où coucher, répondit l’aîné.

— C’est ça ? dit Gavroche, Voilà grand’chose. Est-ce qu’on pleure pour ça ? Sont-ils serins donc !

Et prenant, à travers sa supériorité un peu goguenarde, un accent d’autorité attendrie et de protection douce :

— Momacques, venez avec moi.

— Oui, monsieur, fit l’aîné.

Et les deux enfants le suivirent comme ils auraient suivi un archevêque. Ils avaient cessé de pleurer.

Gavroche leur fit monter la rue Saint-Antoine dans la direction de la Bastille.

Gavroche, tout en cheminant, jeta un coup d’œil indigné et rétrospectif à la boutique du barbier.

— Ça n’a pas de cœur, ce merlan-là, grommela-t-il. C’est un angliche.

Une fille, les voyant marcher à la file tous les trois, Gavroche en tête, partit d’un rire bruyant. Ce rire manquait de respect au groupe.

— Bonjour, mamselle Omnibus, lui dit Gavroche.

Un instant après, le perruquier lui revenant, il ajouta :

— Je me trompe de bête ; ce n’est pas un merlan, c’est un serpent. Perruquier, j’irai chercher un serrurier, et je te ferai mettre une sonnette à la queue.

Ce perruquier l’avait rendu agressif. Il apostropha, en enjambant un ruisseau, une portière barbue et digne de rencontrer Faust sur le Brocken, laquelle avait son balai à la main.

— Madame, lui dit-il, vous sortez donc avec votre cheval ?