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Elle se sentit vraiment glacée. Était-ce encore une hallucination ? Quoi ! deux jours de suite ? Une hallucination, passe, mais deux hallucinations ? Ce qui était inquiétant, c’est que l’ombre n’était assurément pas un fantôme. Les fantômes ne portent guère de chapeaux ronds.

Le lendemain Jean Valjean revint. Cosette lui conta ce qu’elle avait cru entendre et voir. Elle s’attendait à être rassurée et que son père hausserait les épaules et lui dirait : Tu es une petite fille folle.

Jean Valjean devint soucieux.

— Ce ne peut être rien, lui dit-il.

Il la quitta sous un prétexte et alla dans le jardin, et elle l’aperçut qui examinait la grille avec beaucoup d’attention.

Dans la nuit elle se réveilla ; cette fois elle était sûre, elle entendait distinctement marcher tout près du perron au-dessous de sa fenêtre. Elle courut à son vasistas et l’ouvrit. Il y avait en effet dans le jardin un homme qui tenait un gros bâton à la main. Au moment où elle allait crier, la lune éclaira le profil de l’homme. C’était son père.

Elle se recoucha en se disant : — Il est donc bien inquiet !

Jean Valjean passa dans le jardin cette nuit-là et les deux nuits qui suivirent. Cosette le vit par le trou de son volet.

La troisième nuit, la lune décroissait et commençait à se lever plus tard, il pouvait être une heure du matin, elle entendit un grand éclat de rire et la voix de son père qui l’appelait.

— Cosette !