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y a de plus beau dans toute la musique. Quand elle eut fini, elle demeura pensive.

Tout à coup il lui sembla qu’elle entendait marcher dans le jardin.

Ce ne pouvait être son père, il était absent ; ce ne pouvait être Toussaint, elle était couchée. Il était dix heures du soir.

Elle alla près du volet du salon qui était fermé et y colla son oreille.

Il lui parut que c’était le pas d’un homme, et qu’on marchait très doucement.

Elle monta rapidement au premier, dans sa chambre, ouvrit un vasistas percé dans son volet, et regarda dans le jardin. C’était le moment de la pleine lune. On y voyait comme s’il eût fait jour.

Il n’y avait personne.

Elle ouvrit la fenêtre. Le jardin était absolument calme, et tout ce qu’on apercevait de la rue était désert comme toujours.

Cosette pensa qu’elle s’était trompée. Elle avait cru entendre ce bruit. C’était une hallucination produite par le sombre et prodigieux chœur de Weber qui ouvre devant l’esprit des profondeurs effarées, qui tremble au regard comme une forêt vertigineuse, et où l’on entend le craquement des branches mortes sous le pas inquiet des chasseurs entrevus dans le crépuscule.

Elle n’y songea plus.

D’ailleurs Cosette de sa nature n’était pas très effrayée. Il y avait dans ses veines du sang de bohémienne et d’aven-