Page:Hugo - Les Misérables Tome IV (1890).djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.

aveugles en présence des faits et de la portion d’autorité divine que les faits contiennent et promulguent. Jamais cette prétention d’en bas qu’on appelle le droit des rois n’avait nié à ce point le droit d’en haut.

Erreur capitale, qui amena cette famille à remettre la main sur les garanties « octroyées » en 1814, sur les concessions, comme elle les qualifiait. Chose triste ! ce qu’elle nommait ses concessions, c’étaient nos conquêtes ; ce qu’elle appelait nos empiétements, c’étaient nos droits.

Lorsque l’heure lui sembla venue, la restauration, se supposant victorieuse de Bonaparte et enracinée dans le pays, c’est-à-dire se croyant forte et se croyant profonde, prit brusquement son parti et risqua son coup. Un matin elle se dressa en face de la France, et, élevant la voix, elle contesta le titre collectif et le titre individuel, à la nation la souveraineté, au citoyen la liberté. En d’autres termes, elle nia à la nation ce qui la faisait nation et au citoyen ce qui le faisait citoyen.

C’est là le fond de ces actes fameux qu’on appelle les ordonnances de juillet.

La restauration tomba.

Elle tomba justement. Cependant, disons-le, elle n’avait pas été absolument hostile à toutes les formes du progrès. De grandes choses s’étaient faites, elle étant à côté.

Sous la restauration la nation s’était habituée à la discussion dans le calme, ce qui avait manqué à la république, et à la grandeur dans la paix, ce qui avait manqué à l’empire. La France libre et forte avait été un spectacle encourageant pour les autres peuples de l’Europe. La révolution