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— C’est bien bon, deux surtout, murmura Fauchelevent, qui, en réalité, avait l’oreille un peu dure.

— Père Fauvent, j’y pense, prenons une heure entière. Ce n’est pas trop. Soyez près du maître-autel avec votre barre de fer à onze heures. L’office commence à minuit. Il faut que tout soit fini un bon quart d’heure auparavant.

— Je ferai tout pour prouver mon zèle à la communauté. Voilà qui est dit. Je clouerai le cercueil. À onze heures précises je serai dans la chapelle. Les mères chantres y seront, la mère Ascension y sera. Deux hommes, cela vaudrait mieux. Enfin, n’importe ! J’aurai mon levier. Nous ouvrirons le caveau, nous descendrons le cercueil, et nous refermerons le caveau. Après quoi, plus trace de rien. Le gouvernement ne s’en doutera pas. Révérende mère, tout est arrangé ainsi ?

— Non.

— Qu’y a-t-il donc encore ?

— Il reste la bière vide.

Ceci fit un temps d’arrêt. Fauchelevent songeait. La prieure songeait.

— Père Fauvent, que fera-t-on de la bière ?

— On la portera en terre.

— Vide ?

Autre silence. Fauchelevent fit de la main gauche cette espèce de geste qui donne congé à une question inquiétante.

— Révérende mère, c’est moi qui cloue la bière dans la chambre basse de l’église, et personne n’y peut entrer que moi, et je couvrirai la bière du drap mortuaire.

— Oui, mais les porteurs, en la mettant dans le corbil-