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— Je suis ici pour tout faire.

— Et pour tout taire.

— Oui, révérende mère.

— Quand le caveau sera ouvert…

— Je le refermerai.

— Mais auparavant…

— Quoi, révérende mère ?

— Il faudra y descendre quelque chose.

Il y eut un silence. La prieure, après une moue de la lèvre inférieure qui ressemblait à de l’hésitation, le rompit.

— Père Fauvent ?

— Révérende mère ?

— Vous savez qu’une mère est morte ce matin.

— Non.

— Vous n’avez donc pas entendu la cloche ?

— On n’entend rien au fond du jardin.

— En vérité ?

— C’est à peine si je distingue ma sonnerie.

— Elle est morte à la pointe du jour.

— Et puis, ce matin, le vent ne portait pas de mon côté.

— C’est la mère Crucifixion. Une bienheureuse.

La prieure se tut, remua un moment les lèvres, comme pour une oraison mentale, et reprit :

— Il y a trois ans, rien que pour avoir vu prier la mère Crucifixion, une janséniste, madame de Béthune, s’est faite orthodoxe.

— Ah oui, j’entends le glas maintenant, révérende mère.

— Les mères l’ont portée dans la chambre des mortes qui donne dans l’église.