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logique était connue des anciens. Les aruspices la pratiquaient. Ils frottaient de craie une génisse noire, et disaient : Elle est blanche. Bos cretatus.

Quant à nous, nous respectons çà et là et nous épargnons partout le passé, pourvu qu’il consente à être mort. S’il veut être vivant, nous l’attaquons, et nous tâchons de le tuer.

Superstitions, bigotismes, cagotismes, préjugés, ces larves, toutes larves qu’elles sont, sont tenaces à la vie, elles ont des dents et des ongles dans leur fumée, et il faut les étreindre corps à corps, et leur faire la guerre, et la leur faire sans trêve, car c’est une des fatalités de l’humanité d’être condamnée à l’éternel combat des fantômes. L’ombre est difficile à prendre à la gorge et à terrasser.

Un couvent en France, en plein dix-neuvième siècle, c’est un collège de hiboux faisant face au jour. Un cloître, en flagrant délit d’ascétisme au beau milieu de la cité de 89, de 1830 et de 1848, Rome s’épanouissant dans Paris, c’est un anachronisme. En temps ordinaire, pour dissoudre un anachronisme et le faire évanouir, on n’a qu’à lui faire épeler le millésime. Mais nous ne sommes point en temps ordinaire.

Combattons.

Combattons, mais distinguons. Le propre de la vérité, c’est de n’être jamais excessive. Quel besoin a-t-elle d’exagérer ? Il y a ce qu’il faut détruire, et il y a ce qu’il faut simplement éclairer et regarder. L’examen bienveillant et grave, quelle force ! N’apportons point la flamme là où la lumière suffit.

Donc, le dix-neuvième siècle étant donné, nous sommes